Caulerpa taxifolia
Caulerpe à feuilles d'if


Embranchement: Chlorophytes Famille : Caulerpacées
Systématique Classe: Ulvophycées
GenreCaulerpa

Ordre: Caulerpales Espèce : taxifolia (M. Vahl 1802) C. Agardh 1817

Photo caulerpa taxifolia

Algue Verte, d'une belle couleur vert-fluo, haute de 2 à 15 cm de haut dans les mers tropicales mais qui peut atteindre 60 cm! en Méditerranée.

Le thalle comprend des stolons ("pseudo-tiges rampantes") portant des rhizoïdes ("pseudo-racines") et des frondes ("pseudo-feuilles") pennées (à allure de plume), simples ou ramifiées, de 1,5 cm de large.

Biologie

Algue autotrophe. Rencontrée à des profondeurs atteignant 100 mètres, il semble qu'elle soit capable d'hétérotrophie, c'est à dire d'utiliser directement le carbone et l'azote d'origine oraganique.

Algue pérennante (qui vit plusieurs années) dont les frondes disparaissent, blanchissent mais dont une partie du stolon subsiste pendant la saison froide (hémicryptophycée).

Elle se bouture très facilement: un fragment de thalle transporté accidentellement par une ancre de bateau, les engins de pêche ou par les courants, peut être le point de départ d'une nouvelle colonie à plusieurs dizaines de miles de là.
Aussi, le prélèvement, la manipulation, le transport et l'éradication sont-ils interdits par la loi (Décret du 4 mars 1993, J.O. du 25 mars 1993).

Elle possède un pouvoir d'adaptation remarquable vis à vis de:

-l'éclairement: on la rencontre entre 1 et 30 mètres de profondeur, mais on l'a observée sur des fonds de 100 mètres,

-de la température: son développement maximum s'observe entre 20 et 30°C en Méditerranée (août-septembre ) mais elle résiste à des températures plus basses (+5°C) ou plus élevées (+30°C),

-de la nature du substrat, elle a envahi aussi bien des fonds rocheux que sableux ou vaseux,

-de la richesse en sels minéraux, ce qui expliquerait la rapidité de son extension en Méditerranée.
Cette algue renferme des toxines dont la principale est la caulerpinyne mais aucun risque de toxicité pour l'Homme n'a été démontré. Il en est de même pour sa concentration le long de la chaîne alimentaire. Les oursins (Pracentrotus lividus) et les poissons herbivores comme la saupe (Sarpa salpa) consommés par l'homme, la délaissent.

Ecologie

L'invasion de la Méditerranée
Algue tropicale découverte en Méditerranée dès 1980, signalée en 81, 84, 87 puis par le professeur A. Meinesz de l'Université de Nice-Sophia Antipolis; elle s'est acclimatée après une introduction accidentelle à Monaco en 1989, à la suite du rejet en mer du contenu d'aquariums tropicaux dans lesquels elle était utilisée comme élément décoratif.

Rapidement, elle envahit tous les types de fonds: sableux, rocheux, vaseux, les mattes mortes de l'herbier de posidonie ou l'herbier de cymodocée comme dans la lagune du Brusc (où elle est signalée en 1992) et menace les écosystèmes côtiers dans 6 pays où elle se développe rapidement: Monaco, France, Italie, Croatie, Espagne.

Observation de Caulerpa taxifolia dans la lagune du Brusc
Carte extension caulerpa taxifolia

"Par rapport aux dernières observations de novembre 2003, il n'y a pas de nouvelles "taches", ni de disparition notable.
Par contre le développement des taches existantes est important
. Certaines forment de véritables prairies. C'est le cas en bordure du Brusc, face à la Maison du Patrimoine, la base nautique et dans le port du Brusc.

Un développement important se fait en eau plus profonde sur toute la longueur du récif barrière de posidonie.

Il est difficile de dire si l'algue a atteint l'herbier de la rade du Brusc. Une exploration plus poussée en plongée serait nécessaire.
Tout récemment un stolon isolé a été repéré devant la partie nord de la plage du Cros.
Après exploration alentour, une colonie de 14 stolons répartis dans un rectangle de 6m sur 2m a été répertorié par 2 mètres de profondeur plus près de la plage".

J.Descatoire. Le Brusc le 21.10.2004

Dans la lagune du Brusc, une zone balisée de 3 hectares a été, suite à un arrêté préfectoral, interdite à la circulation et à toute activité autre que la recherche scientifique. Hélas cet arrêté est constamment transgressé et les risques de dissémination de la caulerpe en dehors de ce périmètre sont réels.

Quelques chiffres d'après le GIS Posidonie.

Année 1984 1990 1991 1992 1993 1994 1996 1998 2001
Surface occupée 1 m² 3 ha 30 ha 470 ha 1300 ha 1500 ha 3100 ha 4630 ha 13000 ha

La rapidité de son expansion s'explique par sa large valence écologique, sa compétitivité élevée, sa résistance au broutage, sa faculté de se multiplier facilement par bouturage...
Continuera-t-elle ou bien un mécanisme de régulation naturelle se manifestera-t-il dans les prochaines années? Nul ne peut le dire.
Quels risques?
Le risque le plus important pour la Méditerranée est la modification des équilibres écologiques avec une diminution de la biodiversité c'est à dire une une diminution du nombre d'espèces et de gènes et de l'écodiversité c'est à dire une diminution de la diversité des écosystèmes (=ensemble des relations qui lient les êtres vivants entre eux et à leur environnement inorganique).

Espèce voisine: Caulerpa racemosa (J. Agardh 1873)

photo Caulerpa racemosa
Cliché A. Riva

Cette espèce, à affinités tropicales, qui présente de nombreuses variétés et formes, a une large distribution dans tous les Océans.
Sa rapide extension en Méditerranée: Tunisie, Liban, Egypte, Syrie, Israël, Turquie, Sardaigne, Sicile, Ligurie et même Marseille est potentiellement dangereuse; en effet son impact éventuel sur la biodiversité et l'écodiversité n'est pas connu.
L' hypothèse la plus vraissemblable quant à son introduction en Méditerranée semble être une pénétration par le Canal de Suez (espèce lesseptienne).
Sa dissémination se ferait par l'intermédiaire des engins de mouillage des bateaux, des activités conchylicoles ou d'aquariologie, comme ce fut le cas pour Caulerpa taxifolia.

2008
La colonisation de la lagune du Brusc par Caulerpa taxifolia a considérablement diminué mais c'est Caulerpa racemosa qui s'est considérablement développée dans sa partie nord-est (d'après les dernières prospections de l' I.O.P.R)

Septembre 2010.

Extension racemosa
Caulerpa taxifolia n'est plus visible dans la lagune du Brusc; Caulerpa racemosa se trouve dans le récif-barrière de Posidonie!
D'après J. Descatoire

Novembre 2010
L'Herbier de Cymodocée qui recouvrait les fonds de la lagune n'est plus visible !! Quelques rares touffes de Zostera nana persistent. Est-ce une régression saisonnière ou les prémices d'une disparition annoncée?
Affaire à suivre. Attendons le printemps
La régression de l'herbier s'est amorcée il y a quelques années en partant des bords de la lagune qui sont recouverts progressivement de sédiments grossiers notamment sables et graviers, alors que la lagune elle-même s'envase.
Les dépôts de sédiments couvrent des surfaces de plus en plus en plus importantes au niveau deux passes "Petit Pas du Coq" et "Grand Pas du Coq".
Nous examinerons prochainement et par ailleurs les hypothèses concernant les origines et les causes des modifications du milieu (cf. site "Le Brusc/La lagune du Brusc").

Août 2018. Caulerpa taxifolia a disparu de la lagune du Brusc ainsi que l'herbier de Cymodocées! (cf. le site précédent).

En 2020 les herbiers de végétaux supérieurs ont disparus dans la lagune du Brusc, asphyxiés par une abondante sédimentation de débris minéraux!!!!



Maj 30/08/204 & 14/12/2001 & 01/2009 & 09/2018 & 30/03/2020 & 30/12/2020